camille le chatelier
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Résilience partagée

2016 - porcelaine, verre - dim. porcelaine : 7 x 5 x 1,5 cm, verre : 15 x 15 cm.
pièce réalisée dans le cadre du programme de recherches Kaolin, à l’ENSA Limoges.
Vue d’exposition - Musée National Adrien Dubouché, Limoges

              "Alternant plaques de verre et briques en porcelaine, Camille Le Chatelier réalise une installation tout en paradoxes, fragile et résistante, opaque et transparente, rigide et suffisamment souple pour s’adapter à l’espace sur lequel elle se déploie. S’appuyant encore une fois sur un rythme modulaire (binaire en l’occurrence), l’artiste compose une ligne qui résonne comme un nouveau défi lancé à la gravité et à la vulnérabilité des matériaux qu’elle emploie. Un emboîtement mécaniquement simple, compose une route franchissant les obstacles qu’elle rencontre. Pour exploiter la capacité de la ligne à former des courbes étonnantes, Camille Le Chatelier s’est emparée d’anciennes pierres de lithographie, autrefois utilisées par les ateliers de l’école d’arts décoratifs de Limoges, à l’époque où ses locaux jouxtaient encore le Musée national Adrien Dubouché, pour créer un relief enjambé par sa cordée acrobatique. En chevauchant à la manière d’une montagne russe des reliques de l’activité créatrice du lieu, l’installation in situ se charge, au-delà de l’autonomie plastique des matériaux, d’une signification temporelle, les techniques du passé constituant les appuis d’une démarche expérimentale et prospective.
              Le motif de la passerelle, où la chaîne est placée en équilibre entre deux volumes, cristallise un jeu avec le vide et le risque de casse qui rappelle le stress amusant d’un château de cartes ou les assemblages d’objets instables des artistes suisses Fischli & Weiss. Faut-il y voir une réponse plastique à une fascination pour la chute, l’appel du vide et de la destruction ? 

            La pléthore de vidéos que l’on trouve sur Internet montrant des bris de glaces en slow motion illustre à quel point l’objet cassant génère chez le spectateur une envie irrépressible d’en contempler - au ralenti de préférence - l’éclatement au sol, comme cette tasse ou ce verre à pied que l’on se plaît à rapprocher dangereusement du bord de la table pour se donner des frayeurs lors d’un dîner ennuyeux.
           
En physique, la résilience est la capacité d’un matériau à absorber de l’énergie quand il se déforme sous l’effet d’un heurt, propriété qui ne caractérise pas, à l’évidence, le verre et la porcelaine, incapables de résister à une onde de choc trop importante. Partant de ce handicap inhérent à la matière qu’elle emploie, Camille Le Chatelier invente une manière de le dépasser au moyen d’un assemblage qui révèle une force collective partagée. Dès lors, l’inaptitude est transcendée par une résilience rendue possible grâce à la structure qui lie les éléments entre eux, leur assure un soutien mutuel et leur offre des qualités ignorées des pièces isolées. La beauté surgit donc dans cette oeuvre de ce que son tout est infiniment supérieur à la somme de ses parties."




Jean-Charles Hameau - Extrait du catalogue d’exposition Kao Export Ltd, du 24 février au 25 avril 2016, Musée National Adrien Dubouché, Limoges

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